Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné instructions pour que soit déployée une aide humanitaire de nature médicale au profit de la population palestinienne de Gaza. L’opération de grande ampleur vise à acheminer par voie terrestre des médicaments de première nécessité et d’autres produits. Ce geste de générosité, financé à titre personnel par le Souverain, n’est pas surprenant. Il s’inscrit dans une tradition bien établie et illustre le réalisme efficace de l’action du Roi qui, après le Roi Hassan II, préside le comité Al Qods, depuis 1999.
Ce comité a été créé par l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en juillet 1975 pour suivre l’évolution de la situation à Jérusalem et l’exécution des résolutions adoptées par la Conférence islamique à ce sujet ainsi que les résolutions des autres organisations internationales relatives à Jérusalem. Les membres du comité sont élus par le conseil des ministres des affaires étrangères de l’Organisation de coopération islamique pour une durée renouvelable de trois ans. Le Royaume du Maroc en est un membre quasiment permanent et le Roi en est traditionnellement le président. Le Comité a pour objectif d’entrer en relation avec les organismes internationaux susceptibles de contribuer à la sauvegarde de Jérusalem et de présenter des propositions aux États membres et aux entités intéressées pour assurer l’exécution des résolutions pertinentes et faire face aux changements de situations touchant La Ville.
À cet égard, il convient de rappeler que l’OCI est intervenue à la procédure de demande d’avis consultatif, pendante devant la Cour internationale de justice, adressée par l’Assemblée générale de l’ONU en 2022 et relative aux conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem. En juillet 2023, l’OCI a présenté des observations écrites, pour dénoncer en particulier la reconnaissance de la Ville Sainte comme capitale d’Israël et le transfert de l’ambassade américaine. Il suffit de rappeler que dès 2017, le Roi Mohammed VI avait déclaré qu’il suivait avec « une profonde inquiétude et préoccupation la mise en œuvre de la décision de l’Administration américaine ».
En effet, le Président du comité Al Qods avait réaffirmé, « l’importance extrême de la ville d’Al-Qods, non seulement pour les parties au conflit, mais également pour les adeptes des trois religions monothéistes, et que toute atteinte au statut juridique et historique reconnu d’Al-Qods, renferme le danger d’entraîner la question palestinienne dans les méandres des conflits religieux ».
Cependant, Sa Majesté avait aussi assuré de son engagement ferme à continuer à œuvrer avec l’administration américaine « en vue d’adopter une position équilibrée susceptible de rétablir le climat de confiance et de relancer le processus de paix entre les parties palestinienne et israélienne ». « Nous ne ménagerons également aucun effort pour la mobilisation de la communauté internationale et de ses forces vives, pour que triomphent les droits légitimes du peuple palestinien à l’établissement de son État indépendant, avec Al-Qods-Est comme capitale, sur la base des résolutions de la légalité internationale et dans le cadre d’une solution à deux États, ce qui est à même de permettre l’instauration d’une paix juste, durable et globale dans la région du Proche-Orient et garantir à tous les peuples de la région de vivre dans la paix, la stabilité et la convivialité », avait indiqué le Roi du Maroc avec un sens aigu de la diplomatie.
L’action du Roi ne se borne pas à la recherche d’une solution politique, elle s’accompagne constamment de compassion et préoccupations humanitaires. Au comité al Qods une agence a été rattachée, Bayt Mal Al Qods Al Sharif, dont le siège est également à Rabat. Il s’agit d’un fonds qui a pour objectif de porter secours à La Ville et de soutenir les populations et les institutions palestiniennes de la Ville Sainte. En outre, l’agence a pour mission de protéger la Mosquée d’Al Aqsa et les autres lieux saints de la Ville et de sauvegarder ou restaurer son patrimoine architectural, religieux et culturel. À cette fin elle doit réunir les ressources financières et matérielles nécessaires. Celles-là sont constituées par des contributions obligatoires des États membres de l’OCI selon des taux qui sont déterminés par ces États pour alimenter le budget de l’agence et soutenir ses projets. Des donations et des libéralités d’institutions publiques ou privées, d’associations, de communautés arabes, islamiques ou de personnes privées sont possibles.
Toutefois il y a lieu de constater que le Maroc contribue avant tous les autres membres du comité en temps et en chiffres à l’instrument financier Bayt Mal al Qods, dans une perspective d’apaisement et de soutien au peuple palestinien souffrant. Non seulement, cet organe est présidé par le Roi du Maroc qui le finance à près de 75 %, mais le geste humanitaire de Sa Majesté dénote l’intérêt constant pour la Palestine et le sens pratique du souverain.
Il importe de rappeler qu’en l’espèce, par l’ordonnance du 26 janvier 2024 dans l’affaire de l’application de la convention pour la répression et la prévention du crime de génocide dans la bande de Gaza (Afrique du Sud c./ Israël), la Cour internationale de justice a considéré que « la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque fort de sedétériorer ». Par conséquent, elle a ordonné à l’État d’Israël de « prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture de l’aide humanitaire requise de toute urgence afin de remédier aux conditions difficiles d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ». Cela, évidemment, n’interdit pas aux autres États de contribuer à l’aide humanitaire attendue par les populations de Gaza, d’autant plus que la Cour impose à l’État d’Israël de « s’abstenir de priver les populations d’une assistance et de fourniture médicales ».
Par sa décision de faire acheminer une aide médicale et des médicaments aux populations de Gaza, payés sur ses deniers, le Roi du Maroc s’inscrit dans l’exigence formulée par le droit international et rappelée par la Cour dans une situation humanitaire catastrophique.
Loin des proclamations vaines et des poncifs de certains gouvernants voisins qui masquent au sein même du monde arabe un certain désintérêt pour la cause palestinienne, le Roi Mohammed VI est constant dans sa pensée et dans son action. Là où certains réfléchissent à deux fois et parlent pour ne rien dire, le Roi du Maroc, avec sagesse, pense, parle peu mais agit effectivement et avec humanité. C’est la marque des grands diplomates et des hommes de cœur.
Jean-Yves de Cara
Institut Méditerranéen de Droit et de Géopolitique
Voir également notre reportage photographique sur l’envoi de l’aide médicale depuis le Maroc