Selon le journal The Jérusalem Post (dimanche 6 octobre), les États-Unis ont offert à Israël un ensemble de compensations (compensation package) si ce dernier évitait de frapper certaines cibles lors de la réalisation de son projet d’attaque sur l’Iran. Cela comprendrait une aide militaire et la garantie du soutien diplomatique américain. Pour Israël cependant il s’agit de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les citoyens et la sécurité du pays. Par conséquent, le gouvernement israélien « prépare une réponse » au tir de missiles iraniens qui a frappé son territoire la semaine dernière en riposte aux diverses actions de l’État hébreu dans la région, y compris l’attentat du 31 juillet à Téhéran contre le chef politique du Hamas, Ismail Hanieh. «Ils comprendront » a déclaré M. Netanyahu. « Nous respecterons la règle que nous avons établie : quiconque nous attaque, nous l’attaquerons ». Le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari a affirmé que le pays est en état d’alerte, tant sur le plan défensif qu’offensif, l’attaque iranienne « aura des conséquences », « nous avons des plans et nous agirons où et quand nous le déciderons », il a ajouté « l’armée de l’air israélienne frappera puissamment au Moyen-Orient.
Or le gouvernement américain entend coordonner cette « réponse ». Il a évoqué les « conséquences sérieuses » que l’attaque iranienne allait susciter. Toutefois le Président Biden a donné l’ordre à l’armée américaine d’intercepter les missiles tirés vers Israël mais il a appelé ce dernier à épargner les sites pétroliers et les installations nucléaires de l’Iran. Cela a eu pour effet immédiat de faire remonter le cours du pétrole. Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) a gagné 5,5 % atteignant près de 74 dollars et celui de Brent a progressé de 75 à 77 dollars.
L’approche des élections aux États-Unis ménage cependant une certaine liberté à Israël dont les relations avec l’actuel Président ne sont pas des meilleures. Aussi, le gouvernement de M. Netanyahu peut jouer d’une menace psychologique. Les actions de Tsahal ont été spectaculaires et couronnées de succès ces dernières semaines ; le ministre israélien de la défense a promis aux mollahs iraniens une réaction « précise, mortelle et surtout surprenante au point qu’ils ne comprendront pas ce qui leur arrive ni comment » pour répondre à la pluie de missiles sur Israël.
Alerté, le régime de Téhéran fait preuve d’une grande prudence. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamene’i a été transféré dans un lieu secret à l’intérieur du pays avec des mesures de sécurité exceptionnelles car désormais, face à Israël l’Iran se trouve privé du soutien direct du Hamas et du Hezbollah. Le guide suprême qui participait à la prière pour la première fois depuis cinq ans, s’exprimant en partie en Arabe et avec un fusil à ses côtés, a lancé un appel aux nations arabes qui n’ont pas réagi. Même si des signes de soutien venant de Russie sont présents.
La jurisprudence, comme la Commission du droit international excluent la licéité des représailles mais les contre-mesures sont admises « pour la mise en œuvre de la responsabilité internationale des États » à condition qu’elles s’inscrivent dans de strictes limites. L’État lésé peut prendre de telles mesures pour obtenir le respect d’une obligation, la cessation de sa violation, une réparation appropriée ou, le cas échéant, des garanties de non-répétition, selon le projet d’articles relatif à la responsabilité internationale de 2001 (article 49 §1). Le recours à la force armée est exclu (ce qui est applicable à l’Iran comme à Israël) sauf de manière compatible avec la Charte des Nations Unies qui permet le recours à la légitime défense et les contre-mesures doivent être proportionnelles en préjudice subi.
Jean-Yves de Cara